Aujourd'hui, je suis particulièrement mal lunée. Et en parlant de lune, j'ai compilé ici 6 campagnes qui en parlent. Alors dans ce numéro, préparez-vous à un geyser, que dis-je, un déferlement de m*rde. On va parler caca et cu-cul. Estomacs sensibles, rien ne vous retient. Bon appétit.

On est en juin, et j’en ai franchement plein le c*l : de mettre des astérisques à tous les gros mots ici sur cette p*tain de plateforme, et plus globalement, j’en ai plein le c*l de tout. Mon mec dira que c’est les hormones, mon père que j’ai toujours eu un mauvais caractère, ma meilleure amie que la faute revient à Mercure qui rétrograde…

Ce qui rétrograde, surtout, ici, c’est la qualité de ce que j’y vois. Alors quitte à lire de la m*rde, pour ce neuvième numéro, je vous compile des campagnes qui parlent de m*rde.

La version soft, en mode triple épaisseur

Dans le genre constipation légère assumée et dans un esprit « pipi-caca », il y a quelques jours, et après la campagne sur le seul composant qu’ils ne contrôlent pas, Les Petits Culottés, et son agence Customer Service nous ont pondu une mignonnerie pleine de merde, de caca, de crottes, de selles et pour finir de… cacounet.

Cette pub des Petits Culottés, c’est un doigt d’honneur à la publicité contemporaine — celle qui s’extasie sur des filtres pastel, des enfants qui rient au ralenti, et des slogans pseudo-engagés. La pub parodie la pub, comme pour dire « regardez à quel point c’est devenu ridicule ». Et sous ses airs bien intentionnés, le spot ricane, il tape sur le système publicitaire actuel. Les Petits Culottés jouent les rebelles polis : ils respectent les codes pour mieux les saboter. Et franchement, ça fait du bien.

Une campagne savoureuse et bien moulée

Mais dans la catégorie « la campagne de m*rde », et de manière auto-proclamée, c’est Croq la Vie qui remporte le prix. Leur concept : parler de croquettes en montrant de bien belles crottes, dont on percevrait presque le parfum. Miam.

Quiconque a déjà eu un clébar le sait : la question à 110 balles que posent inlassablement les vétos, ce n’est pas “quel âge a-t-il ?” ou “combien il pèse ?” mais bien à quoi ressemblent ses selles ?”. Car 95 % des diarrhées chez les chiens sont causées par une alimentation inadaptée. Et c’est sur cette vérité scientifique que Croq la Vie base toute sa comm. En lieu et place de belles promesses ou de chiens aux poils brillants courant dans des champs, la marque montre des m*rdes, des vraies, brunes, bien moulées. Une démonstration par l’exemple : si le contenu de la gamelle est bon, le caca, lui, c’est un perfect.

Source : La Réclame

La bouche en q-de-poule

Dans un registre qui emprunte cette fois à la suggestion, c’est Bidetlity qui remporte la mise, avec un twist visuel aussi malin que suggestif. Pour votre culture, la marque commercialise des bidets portables, a.k.a. des « butt showers » ou douchettes intimes, en bref, de quoi avoir le c*l qui sente la rose (ou presque) en toutes circonstances. La campagne “So Clean You Can Kiss It” joue avec les codes, les tabous et notre rapport au propre, sans jamais montrer l’indicible. Tout se passe dans l’imaginaire, et c’est bien là sa force. Une analogie visuelle excellemment exécutée qui, je l’avoue, me rappelle une trend Tumblr qui consistait à placer ses lèvres en cul-de-poule former un coeur. So 2010.

Ce qui rend aussi cette campagne si efficace, c’est la cohérence entre le fond et la forme. “Ce n’est pas tous les jours qu’on peut transformer une paire de lèvres en manifeste culturel”, s’enthousiasme Samy Kouatli de JOAN Berlin, l’agence derrière cette activation.

Source : Dans Ta Pub

Caguer, c’est bon pour la santé

Qu’on en fasse un porte-étendard, un argument commercial ou un standard de la création de contenus sur LinkedIn, la m*rde semble avoir la cote, y’a pas à dire. Rappelez-vous, il y a quelques semaines aussi, la Ligue contre le Cancer Colorectal dévoilait une bête de campagne qui, contrairement aux Petits Culottés qui tenteraient de ménager l’ARCOM, s’était fait une place dans les rues avec une campagne sans équivoque, intitulée VA CH!ER !

« Le dépistage du cancer coloréctal, ce n’est pas plus compliqué que ça. En plus, ça prend une minute, ça se fait à la maison et c’est dès 50 ans. »

Plus récemment, c’est Kleenex qui a lancé une campagne nationale de sensibilisation. En Australie, le cancer colorectal précoce affiche l’un des taux les plus élevés au monde. Pourtant, dans 99 % des cas, il peut être traité avec succès s’il est détecté à temps. C’est là que cette campagne prend tout son sens : en utilisant le rouleau de papier toilette comme support de communication, Kleenex rend le message impossible à ignorer, sans dramatiser ni choquer.

Source : Dans Ta Pub

Ce qui rend l’approche pertinente, c’est qu’elle ne se limite pas à une punchline imprimée. Kleenex s’est appuyée sur sa place légitime dans les foyers — un rôle de confiance dans l’intimité — pour devenir porte-voix d’un enjeu de santé publique. C’est rare, et c’est audacieux. Et ça prouve qu’une marque peut avoir de l’impact sans changer de produit, simplement en changeant sa fonction sociale.

Juste un doigt

Bien qu’elle me laisse sceptique sur l’exécution créative et son intelligibilité, la dernière campagne de Rockaxis et @ChileSin Cáncer avait aussi sa place ici, dans ce beau m*rdier.

Source : MédiaMarketing

Le concept est plutôt intéressant : en 2024, plusieurs disques emblématiques des années 80 célèbrent leurs 40 ans. Un âge symbolique pour la musique, mais aussi pour les hommes, puisque c’est celui recommandé pour effectuer son premier examen de la prostate. Une coïncidence que cette campagne de sensibilisation transforme en opportunité, pour parler santé avec humour et beaucoup de culture pop. J’émets toutefois une réserve sur la bonne compréhension du message… Cette campagne me file un peu la cagagne, et j’ai pensé qu’à ce titre, elle serait parfaite pour clôturer cet épisode puant. Mais qui suis-je après tout, hein ?

Personne les copains, personne. Et les stats me le rappellent quotidiennement, d’ailleurs. Et lvdm, je suis au bout du rouleau.

Mais il me reste encore un peu d’énergie pour vous offrir un guide de l’étron. Je vous en prie, vraiment, ne me remerciez pas.

Ah, et j’allais oublier…

Naturellement et tendrement, je vous emm*rde.

Mélinda avec un Ⓜ️