Les goûts et les couleurs, ça se discute parait-il. Moi, je crois surtout que ce qui se discute c'est notre capacité à ériger l’ennui en standard, pendant que les vraies audaces créatives – même quand elles sont brandées – sont accueillies dans un silence poli, à croire qu'on a de la m*rde dans les yeux. Ce 5ème numéro aborde l'art et accrochez-vous, ça va swinguer.
Il y a quelques jours, c’était la Journée Mondiale de l’Art et ça m’a donné envie de vous abreuver de choses jolies, consistantes, singulières, de contraster avec les m*rdes qui affluent massivement dans nos fils d’actualité depuis plusieurs jours. Bref, Ghibli… c’était à peine supportable mais les figurines sous blister ont eu raison de moi. Un humain sous emballage plastique, c’est de la dystopie façon Ferme des Animaux ça. Une vision prémonitoire approuvée par Georges Orwell ? Mhh.
« Madame, dès qu’on voit un commentaire assassin sous un post avec un Starter Pack, on sait que c’est vous. » – Oups ? Mais n’en déplaise aux créateurs de contenu du Nouveau Monde, oui, je n’ai que ça à faire de partir en croisade contre les contenus de piètre qualité.
Mais en préparant ce 5ème numéro, j’ai apaisé mon coeur et je suis passée à autre chose parce que j’ai vu de la cualidaaad : des marques qui transcendent leur fonction commerciale pour embrasser le rôle d’agent culturel, pincez-moi, je crois rêver.
Des timbres signés de James Colomina pour la poste ukrainienne
Parlons donc d’abord de l’Ukrposhta, la poste ukrainienne qui, pour commémorer le troisième anniversaire de l’invasion par la Russie, a mis en circulation une série de trois timbres illustrés de la main de James Colomina, un artiste toulousain, connu pour ses sculptures urbaines rouge vif et pour le moins… remarquables.
Source : Le Parisien
Ce projet, intitulé « Art vs War », s’inscrit dans la continuité des précédentes initiatives de la poste ukrainienne, qui avait déjà mis en avant une œuvre de Banksy sur un timbre en 2023. Cette fois-ci, c’est James Colomina qui a prêté son art à la cause, d’abord avec des sculptures installées à Kiev en août 2024, puis avec une série de 3 timbres commercialisés en février.
« Mon travail est un cri silencieux contre l’absurdité et la cruauté des conflits qui volent l’innocence des enfants et brisent des vies » explique l’artiste. Anonyme et discret sur son identité, il exprime son engagement à travers des œuvres mêlant critique sociale et esthétisme. L’initiative « Art vs War » prouve une fois de plus que la culture est une arme de résistance, capable de transcender la guerre et de porter un message universel de paix. À bon entendeur, hein, Vladimir.
Le Télégramme célèbre son 80ème anniversaire
Dans un autre registre, quel ne fût mon plaisir, il y a quelques semaines, de découvrir la campagne événementielle déployée pour les 80 ans du média breton, Le Télégramme.
Avec cette nouvelle campagne, conçue par l’agence Movement Strategy, le média a choisi de marier des photos absolument iconiques de 7 personnalités, avec une profession ou une activité caractéristique de la Bretagne. ll n’en fallait pas plus pour signer cette campagne d’une note de poésie : « Les pieds en Bretagne, les yeux sur le monde ». Je me répèterais si je disais que « c’est chauvin, c’est breton, c’est gros comme une maison et pour toutes ces raisons, on valide » mais comme personne ne semble lire cette p_tain de newsletter, ça passerait incognito. Je serais aussi courageuse de dire que même mon mec ne m’écrit pas des choses aussi poétiques mais allez savoir, peut-être que lui, il me lit pour de vrai.
Source : CBNews
De la culture en boîte pour E.Leclerc
Dans un registre similaire, saluons BETC et E.Leclerc qui nous ont offert une ode élégante aux espaces culturels. J’ai trouvé ça à la fois délicat et sans chichi, une campagne aux petits oignons comme on les aime tant.
« Fidèle à ses valeurs, E.Leclerc réaffirme son engagement avec une campagne TV noble, sans racolage aucun. Ici les espaces culturels de l’enseigne deviennent des tableaux poétiques (…) Quatre plans-séquences de 20 secondes, bruts, sans montage. La culture dans sa forme la plus pure, au cœur de l’instant. Une danse qui s’anime, une histoire qui est contée, une scène de théâtre qui se joue, une mélodie qui envahit l’air… » Source : Influencia
Je vous laisse juges (liberté de pensée oblige, c’est pas la tyrannie ici, les goûts, les couleurs… tout ça tout ça quoi).
Mille et une nuances de la mer avec la RATP
Autre initiative particulièrement singulière, celle de la RATP qui a invité Fisheye Magazine à investir les stations du métro parisien, à l’occasion de l’Année de la Mer 2025, du 30 janvier au 24 mars.
C’est ainsi que 12 artistes photographes, Patrick Wack, Kathleen Missud, Marine Lanier, Jérémy Appert, Stéphanie O’Connor, Cloé Harent, Diana Takackova, Robin Lopvet, Giulia Vanelli, Letizia Le Fur, Pia Riverola et Julia Gat, ont livré un aperçu de leur exploration marine ou sous-marine. C’est marrant parce que la dernière fois que je suis allée à la mer, moi, j’ai surtout vu des sacs plastiques Aldi à la place des méduses. Curieux.
Depuis 2013, la RATP expose régulièrement le travail de photographes français ou étrangers, jeunes talents ou artistes reconnus. J’aime à croire que la photographie, en qualité d’art communautaire et forme d’expression artistique, donne l’opportunité à la RATP d’enrichir l’expérience de ses voyageurs en leur offrant des moments de surprise, de découverte et peut-être même, de discussion – chose rare.
Source : Inluencia
Volvo s’engage en faveur de la sécurité routière, once again
Il y a quelques semaines aussi, à l’occasion du Mois national de la sécurité routière en Inde (il faut au moins ça, hein), Volvo Cars s’est associé à l’artiste Subodh Kerkar pour une initiative originale et pour le moins, surprenante. L’artiste a mis en lumière un élément de notre quotidien qui, malgré son importance vitale, est encore bien trop souvent ignoré : les passages piétons.
On connait déjà l’engagement de Volvo en matière de sécurité routière. Leur vidéo sur la ceinture à trois points compte notamment parmi les contenus qui m’ont confirmé que j’étais une véritable brand content lover.
Le paradoxe est réel : alors que les œuvres exposées dans les galeries attirent tous les regards, les éléments de sécurité routière, pourtant essentiels, comme les passages piétons, demeurent encore trop invisibles aux yeux des automobilistes.
Volvo, ma vie. Mon premier amour, ma passion.
Un musée inédit pour l’association En Avant Toute(s)
Autre appel à la prise de conscience, et qui va faire grincer des dents les masculinistes + la Gen X + mon oncle Roger, digne ambassadeur de l’éternel « on peut plus rien dire maintenant gna-gna-gna » (bien fait pour sa gueule) : le Musée du Patriarcat. Imaginer un futur où les inégalités de genre seraient de l’histoire ancienne, c’est l’idée de Jean-Christophe Royer et Margaux Ferrand d’Artefact 3000, qui ont transformé une idée d’abord née du concours « Futurs Désirables » du Club des DA, en une campagne de communication pour En Avant Toute(s), une association engagée dans la lutte pour l’égalité des genres et la fin des violences sexistes et sexuelles.
Source : J’ai un pote dans la com
Tout naturellement, l’idée d’un Musée du Patriarcat m’a aussi fait penser au Musée du Harcèlement de Rue : une campagne qui ne manquait déjà pas d’humour il y a 6 ans, réalisée par la Ville de Lausanne. Regardez-la, je vous assure qu’elle vaut le détour.
Pour être très honnête, j’ai un milliard d’idées de nouveaux musées à créer, mais je vais m’arrêter là. Je n’ai définitivement pas assez d’abonnés encore pour me faire des ennemis.
Je retourne donc sur LinkedIn, a.k.a. le Musée des Horreurs,
Kisssss
C’était du contenu comme on l’aime.
C’était du contenu de qualité,
Bref, CQFD.
Mélinda avec un 𝗠